Bon, je dois avouer que je vais y aller peut-être un peu fort pour un blog de cuisine, désolée d'avance pour les saintes-nitouches que ça pourra offusquer (mais non, vous êtes pas nitouches, vous êtes juste un peu coincées, enfilez-vous un ou deux cannelés et vous verrez, tout ira mieux ensuite).
Ode érotico-ludique au cannelé Le cannelé est l'équivalent culinaire d'une meilleure baise à vie.
Il faut le désirer, il faut le travailler, surtout avoir la patience de le laisser reposer pour qu'il soit bien mur et nous donne le meilleur de lui-même... moi j'ai eu du mal à résister! J'ai un peu léché l'appareil crémeux juste pour voir, ça m'a donné vachement envie de continuer mais j'ai été forte, j'ai tout mis ça de côté pour la nuit et je suis allé au lit sans être rassasiée. J'ai eu du mal à dormir tellement mon ventre grondait. J'avais chaud, j'avais froid, j'étais en sueur. J'ai rêvé à lui et au matin, ma faim était carrément lancinante.
Encore là, il me fallait attendre, car un cannelé, si on ne le mets pas au four, il reste tout mou. Ce sont des préliminaires à la consommation qui vous sembleront durer des heures, mesdames (ou messieurs, hein, car un cannelé, ça n'a pas de préférence: englouti par un homme ou une femme, réimporte, l'essentiel c'est qu'il soit mangé), mais on ne parle là que de 1 heure, peut-être 1h20 pour qu'il soit bien gros et luisant. 80 misérables minutes qui vous sembleront durer des heures...
C'est quand il est là, érigé devant vous dans son écorce dorée, chaud, tendre, parfumé, bien ferme, qu'il faut le saisir à pleines mains, à pleine bouche, sans plus attendre. Bien entendu, il est bien meilleur sans son enveloppe de silicone... Le mieux c'est de s'y mettre tout de suite, dans la cuisine (du moins, pour le premier round). Ce sera si passionné que vous ressentirez éventuellement des brûlures, mais ça ne sera pas grave, car ce sera extatique et dans ce cas la douleur ne veut plus rien dire et participe même à la jouissance de la consommation.
Quand l'urgence est passée, on peut alors prendre notre temps, aller savourer le chaud cannelé sur la causeuse, puis pourquoi pas plus traditionnellement dans le lit. Si on a pas peur de s'exposer aux regards et aux intempéries, on peut même s'y adonner rapidement sur le balcon dans la neige. La douche c'est moins ça par contre, le cannelé supportant mal toute cette humidité, il a tendance à devenir un peu mou et léthargique (à moins de l'engloutir très rapidement).
Le lendemain c'est nettement moins extraordinaire mais c'est encore bon.
Le surlendemain on le regarde et on en est blasé. On préférerait sans oser se l'avouer revenir à nos timbits...
Le jour d'après il n'y en a plus, et heureusement, car de toutes façons on en a plus vraiment envie, on le consommerait par habitude mais sans vraiment de passion, avec même un léger haut le coeur en se l'enfilant. Dans ce cas, mieux vaut faire une pause et attendre la prochaine crise.
Car elle viendra, cette crise, croyez-moi. C'est le cercle de la vie, on est faites comme ça, c'est dans notre nature de flancher devant un bon gros cannelé luisant.
Car même si on se pense forte, qu'on croit pouvoir s'en passer, la vérité c'est que l'appel lancinant du cannelé est plus fort que nous: c'est comme une vague, ça nous submerge et nous plaque au sol alors qu'on se croyait à l'abri. Mieux vaut alors se laisser faire, dans ce cas, et juste déguster l'instant présent sans penser au futur.
Le futur cul qui nous poussera au dessus (ou pire, en dessous) du premier si on récidive trop souvent...
Les cannelés de Olivier (25 pièces environ)
1 litre de lait
100g de beurre
200g de farine
4 oeufs
4 jaunes d'oeufs
500g de sucre
100g de rhum
75g d'eau de fleur d'oranger
1 gousse de vanille
Faire bouillir le lait, y ajouter le beurre. Laisser refroidir.
Blanchir les oeufs avec le sucre. Incorporer la farine tamisée et bien mélanger. Verser le lait refroidi, puis ajouter le rhum, la vanille et l'eau de fleur d'oranger. Bien mélanger et laisser reposer la pâte au frigo 24h.
À partir de là, j'ai testé plusieurs cuissons. N'ayant pas de four à chaleur tournante et ayant uniquement des moules à cannelés en silicone (donc qui ne peuvent être chauffés à plus de 450 degrés), c'était un peu compliqué.
À la base, les indications étaient les suivantes: remplir les moules beurrés au 3/4. Cuire à 180 (350) environ 50 minutes. Démouler à chaud. Ces indications étaient il faut le dire pour des mini cannelés. J'ai tout de même testé de cette façon pour commencer.
Première fournée (après seulement 10 heures d'attente au frigo) : 350 durant 50mn comme indiqué dans la recette. J'ai beurré les moules et les ai remplis au 3/4. C'était trop peu d'appareil à cannelé et trop peu de temps de cuisson. J'ai allongé la cuisson à 1h10 mais en ouvrant souvent la porte, ce qui a fait que la chaleur a été tout sauf constante durant la cuisson :/ Ils étaient cuits de façon inégale, la croûte était très très très caramélisée et ils étaient trop petits, encore un peu liquide à coeur. Ceux-là je les ai jetés. Sachez que si ils gonflent, les cannelés se rétractent par la suite, donc il faut bien jauger la quantité d'appareil pour qu'ils ne débordent pas des moules mais qu'ils soient tout de même de grosseur respectable.
Deuxième fournée (après 24h au frigo): je les ai remplis presque jusqu'au bord (à 3 mm du bord), les moules étaient beurrés. Je les ai cuit à 350 encore une fois mais durant un bon 1h20 sans les déranger. La croûte n'était pas assez foncée et ils étaient assez difformes.
Je ne sais pas ce qui a pu se produire? On dirait qu'ils ont levé trop vite, puis se sont rétracté en laissant un espace entre le cannelé et le fond du moule... Je n'ai aucune pudeur à montrer mes ratées, alors voyez, deux d'entre eux étaient carrément disgracieux, je ne dirai pas à quoi ils m'ont fait penser :/
Troisième fournée (plus de 24h): la fournée semi diététique. Je me suis dit "oh et puis basta, je mets pas de beurre dans les moules. Erreur! Il n'y avait pas cette croûte envoûtante qu'on aime tant dans le cannelé! Voyez par vous-même, les photos sont assez parlantes selon moi.
Outre cela, j'ai testé un type de cuisson glané sur le net: cuisson à 450 durant 60mn. Mon appartement s'est enfumé, les moules ont eu du mal à résister à cette chaleur un peu forte et un peu longue mais les cannelés auraient été pas mal si ça n'avait été de la croûte qui était inexistante. Enfin, oui, bien entendu, il y avait une croûte, mais sans le caramel qui en fait un instrument du diable pour le cul.
Quatrième fournée (plus de 24h): la championne! J'ai beurré les moules, je les ai remplis jusqu'à 2 ou 3 mm du bord, j'ai fait cuire 15mn à 450, puis 1h (environ) à 350. Ils étaient bien caramélisés, de bonne grosseur, bien formés, le centre était tendre sans être trop mou et était bien alvéolé.
On pourrait couper la cuisson de 10mn pour des cannelés plus dorés que bruns, mais moi je préfère quand ils sont bien foncés. Même si on peu alors croire qu'ils sont brûlés, ce n'est pas le cas, la croûte n'est que plus croustillante et caramélisée.
Je vous dirais de tester avec une petite fournée de 4 cannelés pour une première expérience: il semble que le four, le type de moule, la grosseur des oeufs etc. change pas mal la donne. Il faut donc faire des tests.
Niveau goût, c'est une recette incroyable. Le mélange du rhum et de l'eau de fleur d'oranger est génial, vraiment un goût envoûtant. Merci infiniment, Olivier!
Source: une recette d'Olivier, que vous pouvez aller visiter sur ce blog. Il compte bientôt ajouter une section "recettes" à celui-ci (ou ouvrir un tout nouveau blog cuisine, il ne sait pas encore), qui jusqu'à maintenant parle surtout de son immigration, accompagné de sa femme, au Québec. Il m'a dit qu'il comptait vous faire un petit historique du cannelé... celui-ci n'est toujours pas en ligne mais ça devrait venir d'ici peu, surtout si vous lui en faites la gentille demande ici ;)